Farniente

Deux semaines à déambuler, les pieds nus dans le sable, les corps qui prennent doucement les couleurs de l’été. Mon portable siffle au fond du sac. Clémentine le chope.

– Tiens, quand tu voudras être tranquille, tu l’éteindras.

– Je lis quand même ?

– Tu fais ce que tu veux, mais on rentre pas pour un petit boulot.

– J’ai dit que je pouvais pas, pour une fois que j’ai été prévoyante.

– C’est vrai, c’est à noter. Ça doit pas être pour ça.

Je glisse l’écran, c’est Louise qui m’écrit. J’ai dit à Samira que je voulais plus, mais maintenant, je suis toute seule…

– C’est la gamine, elle a planté Samira.

– C’est mieux comme ça.

– Je lui dis ça ?

– De ?

– Que c’est mieux ?

– De fait, c’est mieux, mais mets-y les formes. Elle est peut-être triste quand même.

– On fera ce soir.

Je jette le téléphone dans le sac grand ouvert. On stagne encore un moment au soleil.

Dans la chambre, sur la terrasse, les verres à la main, Clèm s’agite.

– Propose-lui de venir nous rejoindre, ça lui fera peut-être plaisir.

– A qui ?

– Ben à Louise ! Si elle est mélancolique, le soleil lui fera du bien.

– Elle bosse, non ?

– Je sais pas, mais tu aurais envie qu’elle débarque, toi ?

– Pourquoi pas…

– Alors propose-lui la Grèce, elle connait pas et elle avait envie.

Je rédige un message pour la môme. Si tu veux te changer les idées et que c’est possible pour toi, tu nous rejoins en Grèce. Voilà, la proposition est lancée. Ça met pas plus de quelques secondes pour revenir. Et je vous retrouve quand, où ? Moi je suis hyper ravie, mais on fait comment ? Ah, faut lui mâcher le boulot. Tu prends un avion et on vient te cueillir à l’aéroport. Elle est vraiment au taquet, les messages s’enchainent à une vitesse hallucinante. Je chope un billet sur internet et je vous dis, mais c’est pas une blague ? Faut la rassurer, elle a besoin d’être apaisée. Non, c’est pas une blague, mais on viendra pas à trois heures du matin non plus. Prends un horaire cool, dans la journée, et nous on sera à l’arrivée. On attend le résultat ses recherches. Louise, on va en faire quoi ?

– Va falloir prendre une chambre pour elle. Elle peut sûrement pas se la payer elle-même.

– Quand on saura quand elle arrive, on réservera.

Clémentine est toujours aussi généreuse. On finit par aller se coucher dans les bras l’une de l’autre.

A peine le temps d’avaler mon premier café que ça siffle sur la table de nuit. J’arrive à Athènes demain à treize heures trente-huit.

– Le moins qu’on puisse dire, c’est qu’elle est pressée de venir.

– Elle arrive ?

– Demain midi.

– Bon, j’irai à l’accueil tout à l’heure, lui prendre une piaule.

On glande toute la journée. Clémentine réserve la chambre, pas loin de la nôtre, avec une vue sur la mer et un balcon.

C’est le jour de son arrivée. On traine pas trop avec les cafés, faut quand même presque quatre heures pour rejoindre la capitale.

La bagnole, la route, l’aéroport. Que c’est compliqué de s’y retrouver là-dedans. Le parking. Du monde partout, on cherche l’endroit où l’attendre. Son avion est annoncé, on s’agite. Les gens s’agglutinent devant la porte, on voit plus rien. On laisse passer tout le monde et on voit Louise, paumée, qui regarde partout.

– Louise !

– Ah, je vous trouvais pas, j’étais en train de me dire…

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