C’est parce qu’il regardait le ciel ! Alors on lui disait :
– Encore dans les nuages ?
– Je pense à des choses, c’est tout !
De ces choses qu’emporte la brume…
– Regarde !
– Qu’est-ce que tu bricoles ?
– Des fils de la vierge avec une roue au bout, tu vois ? C’est comme ça: On tire et ça tourne : on enroule la lumière.
[musique de la roue à lumière]
Une autre fois… Il avait disparu depuis un bon moment. On pensait à un atelier dans le grenier… Et puis il était là, tranquille, avec une petite machine.
– C’est un jeu !
[bruit de gouttes]
– C’est facile : les toiles d’eau, tu sais, ces fils le matin, dans les branches. Alors on fait glisser les gouttes, écoutes ! Toute la toile qui vibre… Et là, tu l’entends ? Elle chante…
[musique de la toile à gouttes]
Et c’est comme ça qu’il occupait tout son temps… Nous, on en parlait souvent :
– Tu te souviens ? Tous à sauter d’un pied sur l’autre, y fallait voir… Et pas casser les fils ! Ce bruit qui nous faisait chanter… Tu t’en souviens ?
… Tout son temps qu’y passait ! Parce qu’il n’arrivait pas toujours avec une petite machine nouvelle, comme ça, là toute prête. Souvent il racontait avec des détails, mais seulement les détails et ce sont les détails qui compliquaient tout… Et puis à la fin, ça ne marchait pas ! Et nous, on ne comprenait pas, parce qu’il ne disait pas “Celle-là, vous savez, j’ai pas fini, mais vous verrez…” Il disait simplement :
– Tu vois : y’a une roue et dessus on en pose une autre à l’envers qui tourne avec la première. Comme ça toutes les deux… Ça va pas tomber !
– Hein ?
– Non, ça va pas tomber, c’est vrai !
– Un nouveau principe de physique, Le Principe de Petit Bonhomme : “Toute petite roue…”
– Et après ça s’envole !
– …
– Juste avec le bruit ! Tu l’entends quand ça tourne en vol ? On dirait, ce bruit, qu’il tient tout seul.
Ce Petit Bonhomme là savait prendre son temps et se fâchait quand on l’en empêchait.
Et puis un matin :
– Voilà, cette fois vous n’aurez plus besoin de vous lever : Pourrez continuer à rêver… Ça marche ! Au début, il faut des piles, mais après il n’y en aura plus ! Je n’ai pas encore trouvé comment… Parce qu’il y a un petit moteur, juste un petit moteur de rien du tout… Mais après il n’y en aura plus !
Il avait commencé par faire des nœuds partout, sur les ficelles, les fils. On l’appelait, pour rire, le roi des nœuds. C’était l’époque où il s’attachait partout, s’accrochait. Et puis ses nœuds s’étaient compliqués, alors il avait appris à les défaire. Il était le seul à pouvoir le faire : Il faisait des boucles et restait au milieu. C’était l’époque où il s’entourait, sans serrer. Et c’est là qu’il a dû vouloir apprendre à voler… Ces machines et tous ses appareils en l’air, ces bouts d’air et de lumières.
…
pour poursuivre votre lecture…
.