Juste les surfaces

Merde, le cadeau, j’ai oublié le cadeau ! Je peux pas arriver les mains vides. Je repars trouver un fleuriste, il doit bien y en avoir un dans le coin.

– C’est un bouquet pour quelle occasion ?

– Un anniversaire.

– De quelqu’un que vous aimez ?

– Faut pas exagérer… Donnez-moi un truc neutre et surtout, pas de roses, c’est pour une de mes élèves…

La nana me compose un assortiment assez léger, joli et qui sent bon. J’ai l’air con avec mon bouquet ! Je retourne me garer devant le pavillon. Tout est calme. Je sonne, Louise vient m’ouvrir.

– Vous êtes la première.

– Je suis trop tôt ?

– Non, c’est les autres qui sont en retard.

– Ah…

Elle me fait entrer, je lui colle le bouquet dans les mains et je découvre son intérieur, enfin, celui de ses parents. C’est un peu tarte, mais bon… Dans le salon, sur la grande table, sont disposés des plateaux avec plein de trucs à manger. C’est joliment présenté.

– C’est toi qui as fait tout ça ?

– C’est ma mère.

– Ils sont pas là tes parents ?

– Ils m’ont laissée la maison…

– Ah, sympa !

– Oui… Je vous sers quelque chose à boire ?

– On dit que ça fait venir les gens quand on commence l’apéro.

– J’ai du champagne si vous voulez.

– Va pour le champagne !

Elle se barre dans la cuisine et revient, la bouteille à la main. Elle a pas l’air de savoir s’en débrouiller.

– Tu veux que je fasse ?

– Douée comme je suis, je vais coller le bouchon au plafond et en foutre partout.

– Approche les coupes, je vais faire.

Je vire le papier, tourne le bout de ferraille, l’enlève et gigote le bouchon pour le débloquer. Je sens qu’il vient entre mes doigts, je m’approche des verres et pof ! Glouglou, dans les coupes. Déjà, j’en remplis deux.

– Je continue ?

– On les servira quand ils seront là.

Elle se pose sur le canapé et se triture les mains l’une contre l’autre.

– T’impatiente pas, ils vont arriver.

– Oui, mais ça va, ça va bien.

– Bon, tchin !

Je tape ma coupe contre la sienne.

– Ça se fait pas, on devrait les attendre, mais tant pis, j’ai trop soif.

Elle sourit et se vautre un peu sur son côté dans le canapé. Je suis posée dans un fauteuil en face et la regarde.

Elle transpire l’impatience quand même.

– Cool, détends-toi, je te sens bien crispée.

– Je vous assure, ça va… Tranquille…

Bon, si elle le dit, mais moi je la trouve pas dans son assiette ce soir.

– C’est ta majorité qui te fait cet effet-là ?

– Peut-être, et puis vous, là, chez moi.

– Si je te perturbe à ce point, je m’en vais. Je te laisse avec tes amis.

– Non, non… Partez pas…

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