Cinquante et plus

Je me rends compte que je peux m’échapper sur un coup de tête, pendant plusieurs mois, dans un endroit complètement désert, en oubliant ma boite de Tampax. Quel bonheur ! Quoiqu’il parait que maintenant, avec les nouveaux modes de contraception, plein de nanas les ont plus, leurs règles. Décidément, tout fout le camp ! Mais je garde quand même ce premier avantage de la cinquantaine bien passée.

Allez, j’appelle Clémentine, ma copine de route.

– Dis ma belle, tu aurais pas envie de bouger par hasard ?

– Tu veux aller où ?

– Je sais pas, on va et puis on verra bien où ça nous mène.

– Tu me laisses deux jours, j’ai encore des congés à poser mais faut que je gère avec les collègues du taf.

Deux jours… Deux jours… Si elle en a besoin ! En l’attendant, je me balade dans Paris… Là, j’ai plus de boulot, pas de missions d’intérim, rien… Je peux faire comme je veux… Alors je fais rien, je végète toute la journée à regarder les gens, assise aux terrasses de bistrots… Deux jours, c’est pas trop long…

Je sors et plaf ! La pluie… Ras le bol de ce temps… Toujours prévoir un pébroque, une casquette, des chaussures adéquates… Du soleil, je veux du soleil…

Clèm, dépêche-toi !

Le temps passe et elle débarque chez moi, en baskets, les mains dans les poches.

– Tu es prête ?

– Ah, c’est maintenant ?

– Deux jours, je t’avais dit… Juste deux jours !

Je ramasse quelques fringues que je jette en vrac dans un sac.

– Et toi, tes affaires ?

– Dans le coffre.

On descend les trois étages et sa voiture est en bas, le long du trottoir. On claque les portières et elle démarre.

– On va où ?

– Je sais pas, comme tu veux.

Je regarde Clèm, concentrée sur la couleur obstinément rouge du feu tricolore. Mais je me demande quand même, combien de jours elle a pu avoir.

– L’endroit dépend du temps que tu as aussi.

– J’ai, j’ai… On verra bien où on va, mais j’en ai un peu, du temps.

– Bon, alors tout droit !

On avance vers rien… Le périphérique, l’autoroute et les voitures qui nous dépassent par le mauvais côté.

– Mets-toi sur la file de droite, là, on gave tout le monde.

Elle se rabat, on continue… Une station-service et le café machine. Trop chaud ! Pipi et on repart… Je prends le volant et vais encore tout droit… Je suis les pointillés, pas sortir de l’autoroute, on ira jusqu’au bout ! Deux-trois petites heures et nous voilà avec la mer, juste à quelques kilomètres de nous. On sort de la quatre-voies. Je lui repasse le volant, qu’elle termine.

Le parking et l’étendue d’eau devant nous, à perte de vue… L’horizon se confond avec la brume du ciel. C’est pas encore le soleil comme je voulais…

Les baskets dans la voiture et direct, les pieds nus dans le sable fin. Que c’est doux ! Marcher le long des vaguelettes qui déferlent à peine… Elles forment des rouleaux miniatures, le surf, là, c’est pas possible !

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