Errance

J’ai planté mon boulot.

– Démission ?

– Ras le bol.

– Et maintenant ?

– Plus de revenu, plus rien.

– Ok, mais tu gardes ton appart !

– Et je fais comment ?

– Tu en as besoin, Max. Eventuellement, je paie et toi, tu vas, tu viens. Ta légendaire indépendance… Faut pas que tu brises les choses qui te tiennent debout.

Clémentine, elle a pas un réel besoin de travailler, elle y va juste pour le fun. En plus de son salaire, son grand père… Trop riche ! Il l’arrose sans cesse, c’est sa seule petite fille. La chance. Moi, je suis pas rentière.

Libres et déprimées, on décide de partir. Juste, on sait pas où… Mais on part, direction le sud-est. Dans sa bagnole, Clèm enfile les kilomètres, un peu vite, certes, mais elle roule droit devant. A chaque carrefour, la route en face de nous. Elle m’emmène, on s’emmène, elle se charge de tout.

Ça fait quelques heures quand même. Une frontière. Arrêt sur un parking pour changer de conducteur. Je prends le volant et tout pareil, les carrefours, tout droit. On va peut-être croiser la mer, nez à nez avec une plage, ou… Je sais pas moi, alors tant qu’on peut, on continue.

La journée s’achève, nos yeux fatigués par la luminosité ambiante. Un hôtel pour nous reposer, un resto pour nous rassasier.

Nouveau jour, nouvelle route. Mais toujours dans le même sens. Ah, Encore une frontière ! Papiers, les nôtres, ceux de la caisse et on peut dégager. Nous voilà à une fourche, alors le tout droit, là, c’est soit un peu à droite, soit un peu à gauche. On choisit le un peu à droite, c’est vers le sud, le soleil.

Epuisées par tout ce parcours, on se pose encore dans un hôtel.

J’ai des sanglots plein la gorge. Clémentine se rapproche de moi.

– Tu vas pas recommencer…

– J’y arrive pas.

Elle se rapproche, encore plus près 

– Tu arrives pas à quoi ?

Ma voix s’éteint presque.

– A oublier…

Elle se tait, m’enlace et me caresse doucement le dos. Je suis blottie contre son corps. Elle reprend tout doux à mon oreille.

– Ça va être long tu sais…

– Je sais bien, mais je peux pas m’en empêcher… Alors, je fonds.

– Ça te plait ici ?

– Oui, c’est parfait, tout est parfait, tu es parfaite !

Elle me ressert sur elle, glisse ses mains dans un frôlement léger, sur mon corps qui sursaute.

Clèm, toujours là quand il faut… Là, près de moi, à me porter, me supporter. Ah Clémentine …

Ses mains me dessinent les cheveux.

– Tu as plaqué Louise et Léonore… En douceur, certes, mais larguer quand même… Maintenant, c’est un autre chemin.

J’ai encore quelques soubresauts.

– Je le trouve pas mon chemin…

– Je vais t’aider !

Présente mais pas pesante…

Elle nous trouve un endroit sympa pour dîner. On mange des trucs, je sais plus comment ça s’appelle, mais c’est bon.

On traverse quelques rues et c’est la porte d’entrée. Elle glisse la clé, ouvre et je rentre en premier. La vision du lit m’inspire rien d’autre que de me vautrer dessus.

– Hou là, tu te couches pas comme ça !

Ah bon, faut que je me couche comment ?

pour poursuivre votre lecture…

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